A bas le réel !

Un grand nombre de citoyens sont aujourd’hui très en colère. Cette colère est même le seul point qui les rassemble vraiment. Ils sont unis par le sentiment que la transition économique et sociale en cours leur échappe complètement et qu’ils en font les frais alors que d’autres en profitent outrageusement.

On se met en colère quand on ne comprend pas ce qui se passe. Le réflexe de ceux qui détiennent le pouvoir est alors de tout mettre sur le dos du manque de pédagogie : pour être compris il aurait fallu expliquer davantage.

Mais comment se faire entendre,comment avoir la moindre chance d’être écouté si ceux auxquels le message est destiné n’ont pas un minimum de culture économique ?

Or dans notre pays cette condition essentielle à la réception du message n’est absolument pas remplie.La liste des 42 revendications des gilets jaunes adressée à l’Assemblée Nationale en témoigne.

Non exhaustive, elle est issue d’un sondage en ligne auquel 30 000 personnes auraient pris part.

Parmi ces « directives du peuple » que les députés sont priés de transposer en lois figurent de nombreuses dispositions révélant une profonde ignorance des réalités économiques.

Parmi elles figure notamment une série d’interdictions et de contraintes qui bloqueraient complètement le fonctionnement de nos entreprises et nous pousseraient hors du cadre de l’économie de marché

N° 13 – Protéger l’industrie française : interdire les délocalisations

N° 14 – Fin du travail détaché

N° 15 – Limiter davantage le nombre de CDD pour les grosses entreprises. Nous voulons plus de CDI

N° 16 – Fin du CICE. Utilisation de cet argent pour le lancement d’une industrie française de la voiture à hydrogène

N° 28 – L’intégralité de l’argent gagné par les péages des autoroutes devra servir à l’entretien des autoroutes et routes de France ainsi qu’à la sécurité routière.

N° 29 – Le prix du gaz et l’électricité ayant augmenté depuis qu’il y a eu privatisation, nous voulons qu’ils redeviennent publiques et que les prix baissent de manière conséquente.

Nos entreprises privées ont déjà au pied de lourdes chaines. Toutes ces mesures les entraveraient encore davantage, ce qui ne peut que provoquer des faillites et des licenciements en masse. Elles conduisent aussi à re-nationaliser ce qui a été privatisé et  à rétablir le contrôle administré des prix,deux procédés qui dans le passé ont amplement fait la preuve de leur inefficacité

Sont également exigées une avalanche de dépenses nouvelles qui achèveraient de ruiner nos finances publiques :

N° 24- Augmentation des allocations handicapés.
N° 27 – Moyens conséquents accordées à la justice, à la police, à la gendarmerie et à l’armée. .
N° 30 – Fin immédiate de la fermeture des petites lignes, des bureaux de poste,des écoles et des maternités.
N° 32 – Maximum 25 élèves par classe de la maternelle à la Terminale.
N° 36 – Retraite  à 60 ans et pour toutes les personnes ayant travaillées dans un métier usant le corps (maçon ou désosseur par exemple) droit à la retraite à 55 ans.
Si nos dépenses publiques déjà très élevées (56% du PIB) font un tel bond,comment les financera-t-on ? Par des impôts supplémentaires ?

D’autres encore reposent sur une incompréhension profonde des réalités de l’économie de notre pays et isoleraient dangereusement la France du reste du monde

N° 17 – Fin de la politique d’austérité. On cesse de rembourser les intérêts de la dette qui sont déclarés illégitimes et on commence à rembourser la dette sans prendre l’argent des pauvres et des moins pauvres mais en allant chercher les 80 milliards de fraude fiscale

N° 26 – Interdiction de vendre les biens appartenant à la France (barrage aéroport…)

Mais notre pays n’ a jamais mis en œuvre de politiques d’austérité. On se trompe complètement sur l’étiquette. Depuis 1975 nos administrations dépensent systématiquement plus qu’elles n’ont de recettes. Le déficit du budget pour l’année 2018 va dépasser les 70 milliards d’euros. S’imaginer que la fraude fiscale se monte à 80 milliards d’euros qui vont combler le trou,  c’est la confondre avec l’optimisation fiscale qui est légale et qui est souvent une condition indispensable au maintien de l’emploi dans un pays où les entreprises sont surtaxées.

Le déficit des administrations va donc continuer à alourdir une dette déjà colossale de plus de 2300 milliards d’euros. Ne pas en rembourser les intérêts mettrait notre Etat dans l’incapacité de se financer sur les marchés de capitaux et inévitablement le conduirait à la banqueroute. Au passage tous ceux qui ont placé leur épargne en assurance-vie la verraient partir en fumée, sans que cela améliore en rien la situation des autres. Dans ce domaine un pays comme l’Argentine a montré ce qu’il ne faut pas faire. Faut-il vraiment l’imiter ? On a aussi l’exemple de la Grèce dont le budget a du être mis sous tutelle et qui a été forcée de vendre le port du Pirée.

D’autres revendications enfin relèvent d’une démarche purement morale en fixant un objectif sans indiquer comment l’atteindre

1 – Zéro SDF : URGENT

31 – Interdiction de faire de l’argent sur les personnes âgées. L’or gris, c’est fini. L’ère du bien-être gris commence.

C’est louable mais on oublie de préciser la marche à suivre dans un monde marqué par la rareté…

En définitive on est en présence d’un catalogue de souhaits contradictoires qui enfonceraient notre pays dans d’inextricables difficultés au détriment de tous, y compris et surtout des plus défavorisés.

Pour éviter de tomber à nouveau dans de un tel piège, il est impératif de tout mettre en œuvre pour élever le niveau des Français en économie.

Sinon tôt ou tard l’incendie se rallumera et notre pouvoir d’achat partira en fumée, ce qui en fera pleurer plus d’un, même sans gaz lacrymogène.

AUTEUR DE LA PUBLICATION

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