Interdire les nouvelles formes d’emploi est un crime contre la société. Notamment quand elles favorisent l’intégration des jeunes issus des minorités visibles.
La société française a abandonné les jeunes générations, notamment celles issues de l’immigration. La comparaison du taux de chômage des jeunes en France et en Allemagne fait frémir. Celui des jeunes d’origine étrangère dépasse 50% dans certaines zones du 93. L’Insee a montré le faible niveau de qualification de ces jeunes, mal intégrés à la société.
Cette situation est d’autant plus préoccupante que l’émergence des automates intelligents va révolutionner le marché du travail. L’intelligence artificielle (IA) est déjà capable de réaliser certaines tâches humaines mieux que nos cerveaux.
Dans Le Deuxième Age de la machine, Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee ont montré à quelle vitesse l’IA fusionnée avec les robots bouleverse l’économie mondiale. A l’approche de ce tsunami technologique, il est indispensable d’être au plein-emploi. Il est donc urgent de favoriser chaque niche d’emplois, de simplifier l’accès au travail au lieu de fermer le marché aux peu qualifiés sous la pression de lobbies mal intentionnés.
La tyrannie du diplôme bloque l’intégration des jeunes
Pour débloquer l’ascenseur social, il faut rendre le droit du travail moins malthusien, moins absurde et multiplier les formes d’emploi. La tyrannie du diplôme bloque l’intégration des jeunes Français non diplômés. Et la réglementation s’ingénie à marginaliser les catégories sociales peu favorisées: il faut moins d’heures de cours pour être pilote d’avion à hélice et pouvoir transporter des passagers que pour être chauffeur de VTC…
Interdire les nouvelles formes d’emploi est un crime contre la société. Notamment quand elles favorisent l’intégration des jeunes issus des minorités visibles -la plupart des chauffeurs Uber, par exemple, sont des enfants d’immigrés. Quelle politique publique d’intégration peut se vanter d’un tel résultat, obtenu sans un centime de subvention? Malheureusement, sous la pression des lobbies les plus conservateurs, le gouvernement a accepté de protéger les taxis de la concurrence des VTC.
Le quotidien L’Opinion a révélé le 1er décembre l’incroyable complexité de l’examen désormais nécessaire pour devenir VTC. Les questions, extrêmement difficiles, visent à bloquer les candidats qui ne sont pas au moins bac + 5. On refuse la sélection à l’université par peur des syndicats étudiants, mais on accepte de bloquer l’ascenseur social pour les jeunes issus de l’immigration. Dans les départements où ceux-ci sont nombreux, le taux de réussite à l’examen est catastrophique: 1% dans le 95 et 8% dans le 93.
Les corporations, comme à la veille de la révolution de 1789, verrouillent le marché du travail. Une filière professionnelle qui permettait aux jeunes peu diplômés d’entrer sur le marché du travail devient réservée aux titulaires d’un master 2. Dealer va rester le métier le plus accessible aux jeunes non diplômés.
Personne ne défend les jeunes de banlieue
Il serait faux de prétendre que les attentats terroristes trouvent leur origine dans les difficultés économiques rencontrées par les jeunes issus de l’immigration. Pour la plupart, leurs auteurs n’étaient pas des déclassés. Nous sommes davantage face à une islamisation d’une jeunesse radicalisée que face à une radicalisation de l’islam. Ce n’est donc pas pour des raisons sécuritaires que ce verrouillage du marché du travail est honteux, mais pour des raisons morales et politiques.
En laissant les corporations à la manoeuvre, les élites abandonnent des pans entiers de la population: il est temps de sauver les naufragés de la nouvelle économie. Le macronisme ne doit pas être un double discours: la défense de l’entrepreneuriat ne doit pas cacher le massacre, par des minorités égoïstes, des espoirs des jeunes défavorisés!
Devenir entrepreneur ne doit pas être réservé aux start-uppers, enfants de bourgeois, passés par Polytechnique ou un MBA. Il est triste de constater que, en 2017, personne ne défend les jeunes de banlieue. Pas même le gouvernement, qui ne s’intéresse qu’aux entrepreneurs des beaux quartiers.