Les sociétés industrialisées se sont largement habituées à recourir à la technologie pour faciliter leur quotidien. Cette propension à chercher dans la technologie une solution aux problèmes humains n’est pas sans conséquences. La confiance que nous plaçons dans les outils techniques a pour corollaire l’affaiblissement de notre capacité tant à chercher d’autres solutions qu’à exercer notre esprit critique face à des outils présentés comme des panacées.
Dans le contexte actuel de craintes induites par la crise sanitaire liée au coronavirus (SRAS-CoV-2), la raison est souvent écrasée par l’émotion. Dans nos sociétés marquées par le sentiment de menace permanente, tout outil présenté comme offrant une solution à une menace est considéré comme acceptable, si ce n’est désirable. En l’occurrence, le recours à une application de traçage pour identifier les personnes ayant été en contact avec un individu porteur de Covid-19, est apparu comme une solution de choix pour lutter contre une maladie présentée comme dévastatrice1 .
Si le gouvernement français a fait le choix de brigades sanitaires dans un premier temps, il semble qu’il n’exclue pas, dans un second temps, l’utilisation d’une telle application en complément des brigades. Le présent document vise à proposer quelques pistes de réflexions préliminaires au débat à venir sur l’emploi de l’application Stop-Covid. Plus largement, il contribue à la réflexion actuelle sur le développement de nouvelles technologies.