La crise, quelle crise ? Alors que la soudaineté du confinement a surpris et pris de court tout le monde, les perspectives de sortie de la crise sanitaire ont évolué, pour aujourd’hui, ne fournir qu’un horizon à l’été 2021 dans sa version la plus optimiste. Dès les vacances de Pâques assignées à domicile en France, les professionnels du tourisme ont dû travailler dans deux directions.
D’une part, il a fallu organiser les conséquences matérielles et humaines de fermetures longues et imprévues. D’autre part, dès que cela a été envisageable, travailler à l’après confinement, aux conditions sanitaires, logistiques et humaines de réouvertures progressives avec la saison estivale en ligne de mire. En parallèle, de nombreux acteurs ont, dès le début du confinement, proposé des pistes de réflexion sur le « tourisme d’après ».
Si des doutes ont pu être émis au début de la crise sur la durée de celle-ci, une sortie rapide n’est plus guère envisageable. En s’inscrivant dans la durée, la crise devient un état routinisé qui peut transformer les pratiques et recomposer les marchés. La question est de savoir comment.
Si l’été a pu ressembler à une courte « parenthèse enchantée » pour les vacanciers et les professionnels, force est de constater que l’absence de clientèles internationales cumulée à un taux de départ des vacances des Français en baisse et à une arrière-saison en demi-teinte n’ont guère permis une reprise.
Certaines destinations (mer, montagne, campagne) et types d’hébergements commerciaux (comme les gîtes) ont vraisemblablement pu bénéficier ponctuellement d’une réorientation d’une partie de la clientèle, alors que les grandes villes, perçues comme des foyers de contamination, ont pu être délaissées. Il reste que la durée de cette crise interroge, non seulement, sur l’impact économique et social sur un secteur d’activité multiple mais aussi sur les recompositions des usages sociaux du temps libre et les fonctions sociales des vacances. Les deux aspects sont intimement liés.
Penser le futur du tourisme et des activités de loisirs nécessite de tenir ensemble ses deux dimensions, pour travailler à une politique globale du temps libre.