Alors que se pose la question de l’efficience et de l’équité des complémentaires santé, deux types de réponses « évidentes » semblent se dessiner du côté du gouvernement :
- supprimer les complémentaires santé au profit d’une prise en charge des dépenses qu’elles couvrent par l’assurance maladie , c’est ce que l’on appelle communément le « 100 % Sécu » ou « la Grande Sécu »;
- les concentrer sur le petit risque, comme le propose le rapporteur du projet de loi de Financement de la Sécurité Sociale.
Pourtant, ces « solutions » – dont les impacts doivent être éclairés par le HCAAM[1] d’ici la fin de l’année – sont principalement idéologiques et ne résoudraient en rien le sujet du financement des dépenses de santé, ni au niveau collectif, ni au niveau individuel du fait du poids des ALD[2] et des soins hospitaliers. Ce financement est aujourd’hui en quasi-totalité à la charge de la Sécurité sociale, tandis que les complémentaires santé, sous la contrainte du contrat responsable, se sont laissées « cornériser » sur le petit risque.
L’ambition de créer une « grande Sécu »[3] ou de délester les complémentaires de leur contribution à la prise en charge des risques lourds se ferait à rebours des différents changements de paradigme au sein de la santé, notamment en ce qui concerne le financement de l’hospitalisation programmée et des soins pour les personnes en ALD. Aussi est-il nécessaire, avant de multiplier les anathèmes contre les complémentaires, de prendre du recul et d’évaluer concrètement les avantages d’une révision du système des cofinancements des dépenses de santé et d’une redéfinition totale de leur rôle « complémentaire » à la Sécurité sociale. L’enjeu est plutôt la révision du partage des dépenses et des investissements les plus lourds et les plus nécessaires, avec comme préalable la remise à plat du contrat responsable, désormais contre-productif.
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[1] Haut Conseil pour l’Avenir de l’Assurance Maladie
[2] Affections de longue durée
[3] Les Echos Complémentaires santé : Olivier Véran met à l’étude le scénario d’une « grande Sécu », 28 juillet 2021