Bonne résolution pour 2018, n’ayons plus peur des robots et de l’IA

Une nouvelle année débute, amenant son lot d’espoirs et de craintes. Au rayon du pessimisme, citons l’impact néfaste qu’aurait le numérique sur notre société. Il faut dire que le changement a toujours fait peur, surtout lorsque celui-ci est provoqué par l’introduction d’une nouvelle technologie.

Au Moyen-Age, on qualifiait d’obscurantistes les adeptes du progrès scientifique. Ces derniers étaient condamnés à mort pour exercer un art qui échappait à la compréhension de l’élite établit. Le préjudice n’était pas la pratique de la sorcellerie, mais l’offre d’une alternative idéologique à la croyance religieuse, précipitant ainsi un recul de la foi et donc du pouvoir du clergé au sein de la société.

En 2017, certains leaders politiques ont surfé sur les incompréhensions des citoyens en matière de digitale. Sous couvert d’alerter sur les changements à venir, les plus dirigistes des candidats à l’élection présidentielle en ont profité pour légitimer leurs thèses collectivistes et jacobines. Les slogans « le numérique va accentuer les inégalités », «l’uberisation de notre économie va recréer une société de tâcherons »,  ou encore le fameux « les robots vont nous piquer nos boulots » étaient une occasion pour ces apprentis John Connor de mener une fronde contre la technologie et d’avancer leurs idées de taxes sur les robots ou de contrôle total de l’économie productive.

Peur irrationnelle ou optimisme béat ?

Si le progrès technique ne sera pas cette bête immonde décrite par certains, il ne faut pas non plus l’accueillir de manière béate, cette vague va également détruire de nombreux emplois. Le concept de la destruction créatrice, théorisé par Joseph Aloïs Schumpeter nous explique qu’une innovation est comme une comète venant tout écraser sur son passage.

Les études allant dans ce sens en montrant que le numérique sera mortel pour de nombreux emplois sont légions. L’OCDE estime dans une étude publiée en mai 2016, que 9% des emplois en France présentent un « risque élevé de substitution » par des robots.

Les chercheurs Carl Benedikt Frey et Mickael A. Obsorne du département d’ingénierie d’Oxford ont évalué en 2013 que le numérique, la digitalisation et la robotisation présentaient un risque pour 47% des emplois.

Dernièrement, un rapport de la Banque Mondiale, publié en mai, fait état de la disparition de 70% des emplois dans les pays en voie de développement. Mais là où certains nous condamnent au pessimisme en nous forçant à nous concentrer sur le versant destruction de la théorie schumpétérienne, il existe un autre volet qui est d’une plus grande ampleur celui de la création post destruction. Future of Humanity Institute, le centre de recherche interdisciplinaire de l’Université d’Oxford a publié en juillet dernier une étude affirmant que 85% des emplois de 2030 n’existent pas encore et devraient émerger sous l’effet de la révolution numérique. Un résultat qui devrait rassurer les plus effrayés d’entre nous.

Humains et algorithmes

Tous les actifs n’ont donc pas lieu de s’inquiéter. L’économiste Nicolas Bouzou l’affirme dans son dernier ouvrage : « le travail est l’avenir de l’Homme ». Cette révolution ne va pas toucher tous les actifs de la même façon : les plus menacés restent les professions intermédiaires, disposant du niveau de qualification moyen dont le raisonnement est facilement reproductible. Au contraire les tâches les plus simples à réaliser seront les plus difficiles à effectuer par une intelligence artificielle, car elles sont le fruit d’une accumulation de connaissances tacites difficiles à reproduire. Ce paradoxe a été mis en avant par le fututologue autrichien Hans Moravec dans les années 80 : il sera plus simple pour une intelligence artificielle de remplacer un neuro-chirurgien qu’un boulanger.

L’enjeu pour les actifs sera donc de devenir complémentaire face à l’intelligence artificielle et non de rester substituable. Pour y parvenir, seule la formation pourra permettre ce transfert d’actifs des métiers menacés vers des métiers d’avenir. Pour y parvenir, les soft skills, à savoir les interactions sociales, le travail en équipe, l’empathie, la créativité, l’autonomie et la réactivité face à un problème, doivent être développés et mis au cœur du projet éducatif de notre pays. La raison est simple : un algorithme est incapable de déployer ce genre de compétences. Le problème est que la France est très en retard dans ce domaine, selon une étude de Adam Jezard qui a croisé les données du classement PISA pour le world economic forum. Ce retard doit être comblé, dès cette année, à la fois par la transformation de notre école et par la réforme de la formation professionnelle qui sera primordiale pour encaisser le choc induit par le numérique.

Face au numérique, cette nouvelle année 2018 doit nous permettre de transformer nos craintes en espoirs. Il s’agit de ne pas de chercher à s’en protéger à tout prix, mais au contraire d’embrasser les changements inhérents au progrès technologique. En tournant la page de cette année 2017 où ont fleuri les discours craintifs vis-à-vis de la technologie, nous pouvons préparer au mieux l’arrivée d’une des vagues technologique la plus forte et la plus potentiellement génératrice de progrès de notre Histoire.

AUTEUR DE LA PUBLICATION

AUTEUR DE LA PUBLICATION

AUTEUR DE LA PUBLICATION

AUTEUR DE LA PUBLICATION

AUTEUR DE LA PUBLICATION

AUTEUR DE LA PUBLICATION