Faire émerger des champions européens de la santé pour résister aux Big Tech étrangères
Le monde, et notamment celui de la santé, vit des bouleversements qui feront date dans son histoire. Si nous avons tous bon espoir que le sujet viral devienne au fil des mois un élément de souvenir, les sujets santé (et e-santé) ont vécu des accélérations encore très récemment inimaginables. Qui aurait cru qu’un vaccin puisse être mis si rapidement à disposition ? Qui a prévu un tel usage de la téléconsultation ? Qui aurait rêvé que la réglementation sache évoluer si vite ? Tout n’a pas été simple ni rapide ni parfaitement coordonné, mais l’énergie, les talents et les décideurs ont rapidement répondu présents.
Sur le plan de la e-santé, bien que très récente (qu’était la e-santé avant 2010 en dehors d’un concept ?), fort heureusement on ne partait pas de zéro. Les idées foisonnaient, les entrepreneurs étaient déjà soutenus et accompagnés par des partenaires financiers visionnaires, la puissance institutionnelle osait (faut-il rappeler la petite révolution de l’avenant 6 à la convention médicale en septembre 2018 en France ?), et les patients et les soignants commençaient à adopter de nouveaux usages relatifs au soin.
Désormais, que faire de cette dynamique ? La laisser retomber ? ou l’accompagner le plus efficacement possible ? au profit de tous : confiance des patients, organisation des soignants et comptes de la collectivité. Comment faire en sorte que le 1er juillet 2021, date de mise en place du QRCode européen, devienne l’acte fondateur très concret de la santé européenne ?
Ce rapport de l’Institut Sapiens se lit quasiment comme un roman : l’intrigue est posée d’emblée et les indices y sont donnés progressivement. Il donne des clés de compréhension et de vision. L’approche européenne y est originale, l’analyse est pragmatique, les constats sont francs, sans faux-semblants ni pessimisme inutile, les atouts sont identifiés, tout comme les limites actuelles, et les propositions sont ambitieuses voire visionnaires.
Le constat qui se dégage au fil des pages est que nous avons une chance historique car il y a un alignement unique entre la maturité des indispensables règles « du jeu » (RGPD, volonté politique, entre autres…), la pré-existence de fondamentaux soignants européens communs (éthique, déontologie, sanctuarisation des données de santé, respect du secret médical,…), et la maturité des différentes solutions de santé numérique.
Nous sommes donc à un moment charnière, pour permettre à ces multiples champions de santé numérique de jouer efficacement non plus en équipes nationales, mais en équipes européennes dans une compétition mondiale. Avec 4 victoires à remporter :
- la qualification («bien se préparer») en étant capables d’atteindre d’emblée la taille critique du nombre d’utilisateurs en raisonnant d’emblée «Europe» et non «pays»,
- les matchs de poules («analyser le terrain») en faisant en sorte que l’harmonisation sanitaire européenne vise le meilleur dénominateur commun (y compris les interopérabilités),
- la demi-finale («vérifier le matériel») en permettant la mise à disposition de solutions européennes cloud qui garantissent les meilleures conditions de sécurité (hébergement, utilisation, propriété,…) et donc de confiance,
- la finale («courir vite») en garantissant aux talents européens les meilleures conditions de développement de leurs entreprises face à l’impressionnante concurrence non-européenne qui n’a pas les mêmes standards ni les mêmes exigences. Avec à chaque fois le même arbitre sur le terrain : la réglementation ! La puissance publique saura t’elle saisir cette opportunité et ce Momentum pour garantir notre souveraineté dans le domaine de la e-santé ? en respectant les souhaits des patients et en mettant à profit nos ambitions et nos intelligences collectives européennes.Bonne lecture, et bonnes réflexions. À chacun de se faire son opinion et d’œuvrer pour les décisions qui s’imposent.