Les marchands d’apocalypse ont convaincu les Français que la société du futur devra être économe en énergie. Pourtant, l’homme dieu que nous devenons va en consommer de plus en plus. Il existe de puissants moteurs à cette évolution.
En premier lieu, la population finira par se révolter contre la dictature décroissantiste et le retour au Moyen Age. Greta Thunberg exige que nous divisions par quatre notre consommation énergétique, pour revenir entre le Nigeria et l’Egypte. Les bobos rêvent de décroissance, mais la révolution jaune rappelle que 62 % des Français privilégient le pouvoir d’achat.
Deuxième raison : nous allons devoir réguler l’économie numérique, grâce aux technologies de la confiance, comme la blockchain, qui pourraient changer le monde et reconfigurer les Etats. Aujourd’hui, la seule blockchain bitcoin consomme autant d’électricité que l’Irlande et les intelligences artificielles représenteront 50 % de la consommation d’énergie dès 2050.
La troisième raison est morale : il faut diminuer les inégalités entre continents. Il serait néocolonialiste et paternaliste d’expliquer aux Africains – qui seront bientôt 4 milliards – qu’ils doivent accepter de vivre frugalement, comme avant la colonisation.
Quitter la Terre ou la déplacer
La cinquième raison est géopolitique : nous perdrions la guerre technologique face à la Chine – que la peur névrotique de l’avenir nous empêche de comprendre – si nous baissions notre consommation d’énergie et devenions décroissants.
La sixième raison est spatiale. Comme l’explique Nicolas Bouzou : « La quatrième révolution industrielle sera celle de l’espace », qui nécessitera beaucoup d’énergie. Jeff Bezos et lui pensent, avec Constantin Tsiolkovski, que « la Terre est le berceau de l’humanité, mais qu’on ne passe pas sa vie entière dans un berceau ». Jeff Bezos est enthousiaste : « Nous pourrons exploiter des mines dans les astéroïdes et l’énergie solaire sur d’immenses surfaces. L’alternative serait la stagnation de la terre, le contrôle des naissances et la limitation de notre consommation d’énergie. Je ne crois pas que la stagnation soit compatible avec la liberté et je suis sûr que ce serait un monde ennuyeux. Je veux que mes petits-enfants vivent dans un monde de pionniers et d’expansion dans le cosmos. » Pour moi, la bataille de Greta Thunberg contre Jeff Bezos est courue d’avance : le patron d’Amazon gagnera.
La septième raison, à long terme, est existentielle. Protéger l’humanité contre les périls cosmiques nécessitera énormément d’énergie. Il faudra quitter la Terre ou la déplacer quand notre Soleil explosera.
Par ailleurs, la collision entre notre galaxie et Andromède dans quatre milliards d’années va engendrer de multiples dangers, à l’abri desquels nous devrons mettre notre nouvelle planète avec de gigantesques machines.
Et dans gogol années (10 puissance 100), il faudra empêcher la mort de l’Univers. Pour cela, nous allons devoir devenir une civilisation de type III, qui capte l’énergie de toute sa galaxie, selon l’échelle de Kardachev (qui classe les civilisations en fonction de leur consommation d’énergie : une de type I accède à l’intégralité de l’énergie de sa planète. Une de type II utilise toute celle d’une étoile). Il faut développer les technologies permettant de réaliser la transition vers une énergie propre et illimitée, mais cela sera long : le stockage des énergies renouvelables et l’énergie de fusion ne sont pas déployables à grande échelle avant cinquante ans. L’homme du futur consommera des milliards de fois plus d’énergie que nous, sans passer par la case apocalypse !