Le terme de Cyborg (contraction de « Cybernetic Organism ») apparait pour la première fois en 1960, dans un article de la revue « Astronautics ». Le neurophysiologiste Manfred Clynes et le physicien Nathan Kline suggèrent d’incorporer des éléments exogènes étendant les fonctions autorégulatrices du corps humain en vue de s’adapter à la vie dans l’espace. De Philip K. Dick à Robocop en passant par Steve Austin (« L’homme qui valait trois milliards »), le grand public découvrira ce terme, rapidement associé à la science-fiction. En 1999, la DARPA crée le SDO (Science of Defense Office) et nomme Michael Goldblatt, un ancien cadre de McDonald devenu investisseur en capital-risque, à sa tête. Goldblatt pour qui la prochaine frontière à conquérir se situe à l’intérieur de notre corps jouera un rôle pionnier dans l’approche militaire transhumaniste. D’un autre côté, toujours en Amérique, le mouvement Grinder se caractérise aussi bien par l’adhésion à l’idéal cybernétique que par la subversion de cet idéal. Avec les mêmes objectifs que la DARPA mais appliqués au niveau individuel, les grinders cherchent à transgresser leur propre corps. L’un des précurseurs de la scène Grinder (depuis les années 70 !), l’artiste australien Stelarc a par exemple proposé une performance Pink Body dans laquelle il avait fixé des électrodes à ses muscles afin que des inconnus contrôlent ses gestes via le web. En 1996, il cherchait déjà à se faire greffer une oreille connectée sur le bras pour en faire un système d’écoute à distance (projet « ear on arm » qu’il réalise en 2006 et continue d’améliorer depuis !).
Ainsi, des semelles orthopédiques au GPS, des lentilles de contact aux implants cochléaires (qui captent même des sons que l’humain n’entend pas), des pompes à insuline aux pacemakers et autres coeurs artificiels, l’humain est un Cyborg depuis longtemps.
Aujourd’hui, le paiement instantané via notre smartphone déboule en Europe. Les virements se feront en une dizaine de secondes, par association de notre numéro de mobile et du SEPA bancaire correspondant, pour des montants irrévocables et plafonnés à 15.000 euros. On imagine assez bien qu’à terme, pour éviter le vol de son mobile ou une agression corporelle en vue de nous soutirer nos données biométriques, on préfèrera se faire implanter une puce pour réaliser ses transactions, rejoignant d’une manière plus élégante la « grindeuse » anglaise Lepht Anonym qui, en janvier 2011, stérilisa à la vodka un équipement fait d’un éplucheur à légume, un scalpel et quelques aiguilles en vue d’une opération d’implantation de puce électronique que tous les chirurgiens lui avaient refusée.
Ce qui est sûr, c’est que demain une empreinte digitale vaudra donc 15.000 euros et qu’on devrait pouvoir choisir entre se faire voler un index (!) et se transformer en Cyborg.
Bref, l’incorporation de la technologie au corps, le transhumanisme, devient de plus en plus pressante.