Depuis quelques mois, le marché français de la télévision « gratuite » bruisse de rumeurs : TF1 et M6 feraient envie à de nombreux investisseurs, nationaux ou internationaux. A l’étranger, déjà, des grandes concentrations se sont engagées dans le secteur audiovisuel.
Ces mouvements tectoniques sont des répliques à des secousses beaucoup plus profondes du monde des médias. Le secteur connait depuis des décennies une transformation extraordinaire. Qu’on se rende compte : lorsque notre Président était enfant (et il n’est pourtant pas vieux puisqu’il est né en 1977), TF1 émergeait à peine. Lorsqu’il a eu 10 ans, M6 est apparue et alors qu’il approchait de la trentaine, Facebook a progressivement conquis le monde. L’offre de médias audiovisuels s’est ainsi totalement diversifiée. Au milieu des années 2000, l’iPhone a commencé à être commercialisé et avec lui un autre rapport à la consommation est apparu, les utilisateurs ayant désormais dans leur poche un accès au monde entier. Bref, la génération d’Emmanuel Macron a été le témoin d’une révolution totale : aujourd’hui, les jeunes regardent des vidéos de toutes sortes, de leurs exploits entre amis à des séries internationales, sur leur téléphone, en tout lieu et à toute heure du jour et de la nuit ; alors qu’au même âge le Président avait probablement un téléphone fixe à fil et s’asseyait devant un téléviseur pour suivre des programmes linéaires sans large choix.
La révolution audiovisuelle affecte nos vies quotidiennes. Mais elle implique plus profondément des bouleversements économiques structurels face auxquels les opérateurs historiques doivent réagir par une démarche concurrentielle et une offre attractive, ou dépérir. C’est la formidable et terrible dynamique de la concurrence : savoir se renouveler ou disparaitre. Mais se réinventer en permanence suppose de s’en donner les moyens : proposer plus de contenus implique d’investir massivement. Les opérateurs français en ont-ils la capacité ? Leur en donne-t-on toutes les possibilités ?
La présente note vise à aborder ces questions.
Sa conclusion est claire : les chaînes financées par la publicité (qu’on dit généralement « gratuites ») doivent continuer de se renouveler pour toujours mieux satisfaire les consommateurs et, en proposant leur offre propre, résister et stimuler la concurrence.
Pour cela, il est certainement impératif qu’un mouvement de concentration s’engage afin de leur redonner une respiration capitalistique. Un obstacle majeur entrave cependant cette voie : le droit de la concurrence tel qu’il est appliqué aujourd’hui. Mais un obstacle, avec de l’élan, cela s’enjambe !