Réguler le marché de la santé esthétique, un enjeu de santé publique
La santé esthétique connaît un essor considérable en France, traduisant une quête croissante du bien-être physique et de la confiance en soi.
Le domaine de la santé esthétique demeure souvent méconnu et est, malheureusement, l’objet de nombreux préjugés et malentendus. La véritable nature des besoins auxquels il répond est parfois déformée de manière notable par certains ouvrages et reportages journalistiques qui prétendent en discuter. La réalité des chiffres issus de l’activité de la Clinique des Champs-Élysées que nous fournissons dans ce livre blanc livre un tableau beaucoup plus nuancé : le recours à la médecine esthétique n’est une demande « de confort » que marginalement car elle est essentiellement une demande de remédiation à un problème réel (ou vécu comme tel), la partie des interventions qui ressortissent à la chirurgie y est très faible, sa patientèle est de plus en plus masculine, largement située en dehors de Paris et socialement diverse.
En l’absence de mesures de régulation et d’encadrement adéquates de la pratique, cet essor pourrait pourtant s’accompagner de risques majeurs pour la santé publique. Des actes médicaux esthétiques insuffisamment encadrés peuvent engendrer des complications sérieuses, allant des effets secondaires indésirables à des conséquences sanitaires à long terme.
Les autorités compétentes doivent prendre en considération l’ampleur de cette croissance et mettre en oeuvre des politiques robustes pour encadrer efficacement le secteur de la santé esthétique.
Il est urgent de réguler le secteur de la santé esthétique en France.
Pour assurer la sécurité et le bien-être des patients tout en favorisant le développement harmonieux du secteur, plusieurs propositions sont avancées.
Premièrement, il est essentiel de mieux reconnaître et valoriser la santé esthétique en tant que composante intégrale de la santé publique. Le cadre légal de la communication doit être assoupli afin Synthèse du livre blanc de la santé esthétique 9 de permettre une meilleure information du public, conformément aux directives européennes récentes. Cette mesure faciliterait la sensibilisation sur les risques associés aux procédures esthétiques et contribuerait à l’élimination des pratiques dangereuses ou non réglementées.
Deuxièmement, il est proposé de renforcer la régulation du secteur pour mettre fin à la « jungle esthétique ». Cela inclut la création de parcours de formation spécifiques pour les praticiens, l’adoption d’une charte éthique médicale, et la mise en place d’une norme ISO spécifique à la médecine esthétique avec une éventuelle accréditation par le COFRAC des structures dans le domaine de la santé esthétique ou encore la mise en place d’une procédure de certification par la Haute Autorité de Santé (HAS) et l’établissement par la HAS de référentiels de bonnes pratiques en matière de médecine esthétique.
Troisièmement, il est impératif que les pouvoirs publics, l’Ordre des médecins, et le ministère de la Santé reconnaissent officiellement la santé esthétique comme un élément central de la santé holistique des individus. Cela permettrait une meilleure intégration de cette discipline dans le parcours de soins global des patients (sans prise en charge par la Sécurité Sociale) et garantirait une offre médicale adaptée à travers tout le territoire, contribuant ainsi à lutter contre les déserts médicaux.
En synthèse, nos propositions visent à établir un cadre clair, éthique, et réglementé pour le secteur de la santé esthétique en France, assurant ainsi la sécurité des patients tout en permettant un développement sain et harmonieux de la discipline. La mise en oeuvre rapide de ces mesures est cruciale pour freiner l’expansion d’un problème de santé publique significatif dans un avenir proche qui est malheureusement déjà existant à l’heure actuelle avec la multitude de praticiens non médicaux, qui proposent leurs services à des patients peu informés.
En décidant enfin d’agir pour sortir des ambiguïtés et du déni en matière de santé esthétique, la France pourrait devenir un exemple pour toute l’Europe en matière de régulation.