Le marxisme écologique, un mal européen

 

Les partis politiques semblent aujourd’hui tous convaincus de l’urgence climatique et c’est une bonne chose. Réduire la consommation d’énergie, améliorer nos comportements énergétiques et déplacer les énergies fossiles les plus carbonées vers des énergies faiblement ou non émettrices de gaz à effet de serre est une nécessité à la fois environnementale, sociétale et économique.

Malheureusement, comme le montrent sournoisement les mouvements « Youth for Climate » ou « L’affaire du siècle », l’écologie politique est en train de sanctuariser une pensée unique moralisatrice qui prend largement le pas sur une vision pragmatique et raisonnable de la transition énergétique. Une pensée unique qui a aujourd’hui contaminé la plupart des partis politiques.

Objectifs irréalistes

Avec quelques variantes sur le timing, les partis politiques se sont tous convertis au dogme vert : « En 2050, l’énergie européenne sera décarbonée, les émissions européennes auront été réduites de 95 % et l’Europe aura atteint la neutralité carbone grâce un mix 100 % renouvelables ». Tous les scénarios sérieux prédisent pourtant qu’en 2050 le mix mondial contiendra encore 50 % de fossiles (contre 85 % aujourd’hui). Un mix où le gaz naturel interviendra en support des renouvelables dont les intermittences ne permettront jamais un fonctionnement en « stand alone ».

La plupart des partis politiques se sont ainsi rangés derrière Europe Ecoligie – Les Verts pour souhaiter une sortie du nucléaire. La France insoumise propose même un moratoire pour empêcher la construction de nouvelles centrales ainsi que la disparition d’Euratom.

Dommage quand on sait que le nucléaire est le seul concentré énergétique capable de remplacer massivement et rapidement de grosses quantités d’énergie fossile par exemple dans les transports via le vecteur hydrogène. Sauf à observer un revirement sociétal majeur en faveur de l’atome, le mix européen n’a donc aucune chance d’être décarboné à l’horizon 2050.

Décroissance économique

Depuis le pionnier René Dumont, l’écologie politique s’est toujours positionnée comme une partisane de la décroissance économique. Elle a développé une forme nouvelle de lutte des classes articulée autour de la protection de la nature. Les Verts ont rapidement démontré dans de nombreux pays européens une capacité d’influence et de nuisance hors norme. L’écologie politique sait parfaitement que l’Europe ne sera pas décarbonée à l’horizon 2050. En filigrane d’objectifs environnementaux inatteignables, son dessein est clair : instrumentaliser l’écologie pour démanteler notre société de croissance et son démon capitaliste.

Avec un discours type « Il faut faire de l’écologie une norme juridique supérieure et subordonner les critères économiques aux critères environnementaux, sortir les investissements écologiques de la règle de calcul des déficits, remplacer les indicateurs de richesse par des indicateurs du bien vivre, créer un tribunal international de justice climatique afin de poursuivre les Etats et les multinationales qui ne diminuent pas leur empreinte carbone », les Verts convergent sans surprise avec les Insoumis et en partie avec le PS dans le cadre d’une écologie punitive et moralisatrice.

Tribunal révolutionnaire

En voulant imposer une nouvelle forme de terreur, l’écologie politique et ses alliés marxistes veulent la peau de l’économie européenne pourtant déjà très fragilisée par rapport aux cyclopes américains et chinois. Les accusés du nouveau tribunal révolutionnaire sont d’ores et déjà choisis et présumés coupables : ils s’appellent Total, Air France, Engie ou Société Générale. Un nouveau schéma de lutte des classes qui s’appelle le « marxisme écologique ».

Mais, en décrétant autoritairement la mort de la société de croissance qui a certes ses vices, mais aussi d’incontestables vertus, ce n’est pas un indicateur du bien vivre dont les « Khmers verts » auront besoin. C’est un indicateur du « mal vivre » qui s’imposera.


Publié dans Les Echos

AUTEUR DE LA PUBLICATION

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