« Celui qui deviendra leader en ce domaine sera le maître du monde ». Cette déclaration de Vladimir Poutine en septembre 2017 à propos de l’I.A. est un révélateur de la position de la Russie en matière d’Intelligence Artificielle et de géopolitique. Les marques des empires (Pouvoir étendu, centralisé et influent) sont bien des marqueurs présents dans les évolutions actuellement constatées en termes d’économie liée à l’I.A. et d’ici quelques années, soyons certains que les empires digitaux que sont les GAFA et les BATX domineront l’échiquier le Goban mondial. La montée en puissance de l’I.A. entraine presque automatiquement une domination du marché économique et rayonne en se jouant des frontières dans ce cyberespace mondial.
L’Europe vient seulement d’en prendre conscience et sort péniblement de sa torpeur. Ouvrant les yeux grâce à des lanceurs d’alerte tels Laurent Alexandre, elle se rend compte du retard incommensurable à rattraper. Elle est vouée à une « cybervassalisation » tandis que pour le continent africain, c’est encore pire, puisqu’elle est cybercolonisée par le bloc asiatique. Cédric Villani utilise d’ailleurs ce terme dans son rapport : « Ces grandes plates-formes captent toute la valeur ajoutée : celle des cerveaux qu’elles recrutent, et celle des applications et des services, par les données qu’elles absorbent. Le mot est très brutal, mais techniquement c’est une démarche de type colonial : vous exploitez une ressource locale en mettant en place un système qui attire la valeur ajoutée vers votre économie. Cela s’appelle une cybercolonisation.»
La Chine joue au Go dans l’échiquier mondial. Je vous invite à découvrir ce jeu, car c’est très exactement la stratégie empruntée par les dirigeants de ce grand pays. À l’opposé de nos jeux d’échecs, on commence par poser des pierres, de-ci, de-là, un peu partout. Et un jour l’ensemble des pierres s’interconnectent, verrouillant tout, maîtrisant tout, contrôlant tout. Et le Go est plus puissant que les échecs, dont les meilleurs joueurs du monde ont été battus dès 1997 par Deep Blue alors qu’il aura fallu attendre mars 2016 pour que la première mouture d’Alpha-Go batte Lee Se-Dol.
Quand l’Inde veut devenir le « garage de l’I.A. » pour les pays en voie de développement, quand les Émirats arabes unis lancent un ministère de l’I.A. en octobre 2017, quand la Pologne se spécialise dans la cybersécurité, L’U.E. tente de contrer ce monopole émergent par une position d’acteur majeur, bien que les entreprises françaises et européennes soient « devenues des naines au niveau mondial », comme le rappelle Laurent Alexandre.
Quant à la Russie, tout laisse penser qu’elle développe une tactique de déstabilisation par l’action de hackers outillés d’I.A., ce qui fera l’objet d’une prochaine lettre d’informations.
Aujourd’hui, le choix d’être « consommateur » plutôt que « producteur » d’I.A. n’en est plus vraiment un, sauf à prendre de véritables mesures gouvernementales, en rajoutant un à deux zéros à chaque enveloppe proposée. Sinon, ce ridicule va nous tuer…