Nos trois propositions pour compléter la réforme en cours
L’ambition de la majorité présidentielle, de compléter la réforme de l’assurance chômage de décembre 2021 de mesures contracycliques en jouant notamment sur la durée d’indemnisation, va dans le bon sens. Les exemples de pays ayant adopté des réformes similaires montrent que de conditionner la générosité des conditions d’indemnisation au taux de chômage est un levier efficace pour favoriser le retour à l’emploi. Néanmoins, si cette ambition globale est à saluer, l’absence de mesures prenant en compte la diversité des profils des demandeurs d’emplois doit être corrigée. Le chômage ne frappe pas tous les actifs de la même manière : quand le taux de chômage des ouvriers est de 11,4%, celui des cadres n’est que de 3,7%. L’existence de plusieurs marchés du travail hétérogènes nécessite d’apporter des réponses ciblées. Il serait contreproductif de tenter de contraindre par tous les moyens un actif à retourner sur le marché du travail si celui-ci n’a pas les qualifications garantissant son employabilité. C’est pour cette raison que nous proposons que la réforme comporte une mesure structurelle importante, à savoir la fusion de l’assurance chômage et de la formation professionnelle, pour faire basculer automatiquement un actif dans une formation qualifiante et professionnalisante à partir de 4 son quatrième mois d’inactivité. Ainsi, cette mesure permettra de dynamiser l’employabilité des actifs peu qualifiés en augmentant leurs compétences à travers le suivi d’une formation favorisant leur réinsertion professionnelle.
La réforme doit également s’atteler au problème des pénuries de recrutement, qui deviennent de plus en plus handicapantes pour les entreprises. Des difficultés qui sont principalement dues à un manque de main d’œuvre. Bien loin d’être le symptôme d’une « grande démission » observée aux Etats-Unis, nous préférons y voir le résultat d’une « grande rétention ». La politique du quoi qu’il en coûte, qui a sauvé notre économie dans la période COVID, a également sauvé des entreprises destinées à mourir, en les maintenant artificiellement en vie à grands renforts d’argent public. La survie – anormale – d’entreprises sans avenir a mécaniquement fait diminuer leur taux de défaillance, qui a ainsi atteint un niveau historique faible. Sans augmentation de la taille de leur marché, l’existence de ces entreprises provoque une rétention de la main d’œuvre qualifiée du secteur, et génère d’importantes pénuries de recrutements. Néanmoins, le remboursement à venir des différents PGE pourrait précipiter la défaillance précoce de ces entreprises et ferait ainsi subir à l’économie française en trois mois l’équivalent de deux années de destructions d’emplois. Selon notre expert Guillaume Brédon, l’ajout d’une disposition permettant aux Tribunaux de Commerce, en lien avec Pôle Emploi, de pouvoir orienter rapidement – sans passer par la case chômage – les effectifs des entreprises défaillantes vers celles recrutant, éviterait à notre pays de connaître une flambée conjoncturelle de son taux de chômage qui pourrait être un facteur de récession.
La mobilité des actifs doit également être favorisée. Elle constitue le deuxième facteur explicatif des difficultés de recrutement. Les défaillances du marché du logement sont bien entendu les premières responsables de cette situation, elles empêchent un actif de pouvoir se projeter professionnellement dans une autre région, et freine ainsi fortement son retour à l’emploi. La mise en place de baux précaires au service de la mobilité professionnelle nous semble ainsi un ajout pertinent à cette réforme, pour enfin parvenir à atteindre le plein-emploi.
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