Remaniement : en plus de changer les hommes, il faut aussi changer les priorités !

Le départ théâtralisé de Nicolas Hulot de son poste du gouvernement oblige l’exécutif à déclencher ce qui pourrait être le premier remaniement substantiel de l’ère Macron. La nomination au ministère de l’Ecologie s’accompagnera potentiellement d’autres changements visant à redonner un nouveau souffle à certains ministres en difficulté depuis le début du quinquennat. Au-delà des personnalités à changer et de l’habituel jeu de chaises musicales où les maroquins s’échangent, ce sont les priorités qui doivent être revues.

La première est la lutte contre le réchauffement climatique par l’innovation. Loin de l’idée véhiculée par de nombreux lobbies pro-environnement, se revendiquant défenseurs de l’intérêt général mais militant en réalité pour imposer une vision politique anticapitaliste, collectiviste et anti-science, la France doit investir massivement dans le nucléaire pour faire grandir une technologie puissante, décarbonée et génératrice d’emploi. Il en va non seulement de notre souveraineté énergétique et nationale, mais aussi de notre place dans la course mondiale à la possession des meilleures technologies. Nous avons aujourd’hui en France les meilleurs experts du nucléaire, et la capacité, en développant les nouvelles générations de centrales, de rester la référence mondiale en la matière. Le passage de la fission à la fusion nucléaire restant l’objectif ultime que les scientifiques affirment pouvoir atteindre à long terme. Le nouveau ministre devra être ouvert à l’innovation et imperméable aux lobbies de la décroissance et des ayatollah verts.

En plus de l’urgence écologique, il faut renouer avec la promesse libérale véhiculée pendant la campagne présidentielle et qui a pour l’instant été oubliée. Pour ne pas nous contenter de dérèglementer à la marge notre marché du travail ou notre système de formation professionnelle, instituons un ministère d’Etat en charge de la transformation de l’appareil public qui ait rang de numéro deux du gouvernement. Il aura pour mission d’accomplir d’ici à la fin du quinquennat une refonte complète des périmètres d’interventions de l’Etat, après une revue impartiale et sans complaisance de ses missions. C’est la condition sine qua non à une réelle réduction de la dépense publique dégageant des marges de manœuvre pour rendre du pouvoir d’achat aux Français.

Enfin, il faut que le gouvernement Philippe 2 réponde enfin au gigantesque défi du numérique. En l’espace d’un an, la France n’a été capable que de fournir un rapport sur l’IA aussitôt enterré. Aucune mesure sérieuse, crédible ou ambitieuse n’a répondu au consternant recul de la place de l’Europe dans la guerre technologique qui fait désormais rage. Alors que les révolutions se succèdent et que nous avons pourtant de nombreux atouts pour y jouer notre rôle, nous sommes comme paralysés, empêtrés dans des atermoiements sans fin. La France, par exemple, est pionnière en termes de brevets liés à la voiture autonome, mais l’immobilisme législatif en la matière permet aux entreprises chinoises et américaines de nous doubler. Notre dépendance vis-à-vis des géants du numérique dont aucun n’est européen devient préoccupante. Ce n’est pas seulement notre prospérité économique qui risque d’en souffrir, mais aussi à brève échéance notre souveraineté. Il faut aussi élever le secrétariat d’Etat au numérique au rang de ministère d’Etat, et le doter d’un secrétaire d’Etat à l’IA, d’un autre à la blockchain et d’un autre à la politique de gestion des données.

La première année de ce quinquennat présente un bilan en demi-teinte. Entre polémiques inutiles et pinailleries d’une opposition en panne d’idées, la transformation de la France n’a pas commencé. Il est urgent d’apporter des réponses concrètes aux mutations contemporaines que nous sommes en train de subir.


Publié dans les Echos

AUTEUR DE LA PUBLICATION

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